lundi 18 février 2013

Lecture : La Pucelle et le Démon, Benedict Taffin



C'est à l'occasion de la rentrée littéraire des éditions Lokomodo/Asgard/Lucioles, que j'ai rencontré Bénédicte Taffin, une jeune et prometteuse auteure. J'étais intriguée par son second roman au titre mystérieux qui associe la Pucelle, nulle autre que la célèbre Jeanne d'Arc de la guerre de cent ans, et un démon, pas n'importe lequel, semble-t-il, mais « Le Démon »... Je pensais l'acquérir pour ma fille de treize ans mais Bénédicte m'en dissuada en me mettant en garde sur l'existence de scènes sexuelles et violentes. Je me fis donc offrir à Noël ce bel ouvrage...

L'histoire ? Jehanne, ayant été massacrée par des démons, le mercenaire Sidoine, ramène Oriane, une prostituée rencontrée la veille. Oriane prend donc la place de l'élue, celle qui permettra au dauphin d'accéder au trône et de gagner le combat contre les Azuléens.

La lecture ? J'ai beaucoup aimé lire ce roman à l'écriture visuelle quasi cinématographique. Je lui suis gré d'avoir utiliser un vocable restreint de néologismes (dont les sonorités m'ont plu!). Je n'aime pas trop peiné pour accéder à l'imaginaire du narrateur.
Et sur le plan narratif, l'auteure nous entraîne dans les aventures épiques d'Oriane à travers les yeux de Sidoine, son protecteur et amant, qui au fond est le principal protagoniste. La Hire, comme on le surnomme (j'adore ce mot "ire" qui, pour moi d'emblée, désigne son caractère colérique!), est habité depuis son adolescence par le Démon, un bhargoest nommé Arhkaar. En "googelisant Hire", j'ai découverts qu'il est aussi un personnage historique, homme d'arme qui se rallie à Jeanne d'Arc, surnommé ainsi pour des raisons obscures (colère ou lieu de naissance ou les deux?), de son vrai nom : Étienne de Vignoles.
En bonne conteuse, Bénédicte Taffin joue avec les contrastes : Oriane la prostituée/Jehanne la pucelle, Sidoine l'amoureux transi/Archkaar le démon-pervers assoiffé de sang et de sexe (qui a choqué plus d'un lecteur et que je trouve, pour ma part, ambigû et donc très intéressant), l'histoire de Jehanne -  « la vraie » contée en début de chapitre/ l'épisode qui s'y associe d' Oriane emprise avec un zéphyr dans un univers de Fantasy... La fin ne déroge pas à ce thème du double et la pirouette est futée... Très futée!...

Que dirai-je? J'aime l'effraction de la fantaisie, l'imaginaire, la magie dans la réalité alors comment ne pas être séduite par cette « biographie » ? Cette intrusion « fantaisiste » nous fait toucher parfois des vérités ou nous questionner profondément... Lors de ma rencontre avec Bénédicte, elle m'avait cité comme roman de son adolescence « Dune » de Franck Herbert, qui l'avait interpellée sur le pouvoir et de l'abnégation. J'avais conclue que cela rejoignait le propos de son roman qu'elle m'avait dévoilé. Et ma foi, je ne m'étais pas trompée. Car si, historiquement, la Pucelle se sacrifie pour le peuple et le roi. Dans le roman, Oriane, la prostituée bisexuelle, se transforme en une héroïne farouche, belliqueuse et pieuse, mue par un zéphir assoiffé de pouvoir et de reconnaissance , et par amour pour Cyrielle ... Et en fin de compte, elle se retrouve au bûcher. ("Au bûcher" : oui mais non...)

Pour la petite Histoire: Pour son second roman, Bénédicte Taffin s'est renommée Benedict Taffin. Il semblerait que cela soit pour se différencier de son premier roman dédié au public jeunesse et aussi comme pied de nez à un témoignage de lecteur qui se serait plaint que les seuls auteurs dignes d'être lus soient anglo-saxons... Ah Bon, c'est génétique?

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