mardi 21 mars 2023

Fée de la quintessence

 

En premier lieu : je vous souhaite une belle année, laquelle débute par le printemps, saison par excellence de la renaissance, l'éclosion!

J'arrive au même moment à la fin des corrections de ce recueil de nouvelles. En parallèle, mon acolyte Linné In The Moon (son/mon site ici) a fait plusieurs collages numériques en rapport avec ces histoires. Comme elle mène plusieurs projets de front, elle n'a pas fait autant qu'elle souhaiterait. Mais la mise en page ne sera pas trop retardée... Je pourrais ainsi proposé enfin ce fameux « recueil qui me tient à cœur»...

Pour l'heure, voici un collage révélé et un extrait de la nouvelle qui ouvrira la danse: La fée de la quintessence, une ode à l'enfance et l'imagination... Belle découverte !

LA FEE DE LA QUINTESSENCE

C’était une fin d’après-midi d’été, où le bitume fumait. Le grésillement des mouches n’avait pas cessé. Elles tournaient sans répit, au-dessus des ordures qui s’accumulaient dans la rue. Pour autant les bruits de la journée laissaient place aux joyeux brouhahas des passants libérés de leurs corvées. Ce qui n’était malheureusement pas mon cas, coincé dans cette pièce exiguë devant un bureau trop grand, croulant sous une montagne de dossiers, je ronchonnais en cherchant la formulation correcte qui enfin me déchargerait jusqu’au lendemain !

Mon stylo s’échappa de mes doigts poisseux et tomba à terre quand la porte s’ouvrit sur la nouvelle secrétaire. Se croyant seule, elle s’avança jusqu’à « l’antiquité » qui trônait sur le mur, un vieux miroir encadré de moulures dorées qui dénotait avec le mobilier fonctionnel du cabinet d’avocat où je travaillais comme petite main, en attendant d’être remarqué comme « jeune talent littéraire » ; ce qui s’éternisait… La jeune femme esquissa un pas de danse et détacha sa longue chevelure mordorée laquelle retomba sur sa robe fleurie de grand-mère. Pour la première fois, alors que j’observais son reflet dans le miroir, je la vis telle qu’elle était.

Son visage lunaire scintillait dans un halo soyeux. Son front était cerclé d’un ruban de papillons. À la fenêtre, les hirondelles entamèrent leur ode au coucher du soleil et, comme par magie, nos regards se croisèrent dans nos images réfléchies. J’en oubliai les tracas journaliers. Je fus saisi par l’éclat minéral de ses yeux et m’abandonnai à leur fraîcheur. Nullement surpris, je flottai sur le dos et écartai bras et jambes dans cette fontaine de jouvence, devenant l’étoile à cinq branches.

 

 

copyright texte: Linné Lharsson

Copyright image: Linné In The Moon

mercredi 22 février 2023

Où en est le recueil de nouvelles et petit extrait de "Une nouvelle Poupée"

Je pensais publier mon recueil de nouvelles, issues tout droit de mon imaginaire et appelées genre SFFF courant décembre de l’année dernière mais non, la correction comme la relecture (et la réécriture s’il y avait lieu) devait se faire plus lentement. Pourquoi courir si ce qui compte est le chemin et aussi « quand même » d’arriver ? En cette année du Lièvre, j’avance plus vite sur ce recueil, et je redécouvre des nouvelles qui pour certaines n’ont jamais été publiées alors qu’elles le méritent. Pour l’heure voici un extrait d’une nouvelle fantastique « Une nouvelle Poupée », le début pour être précis. Elle a fait partie d’un recueil sur le thème des forains "Freakshow" anthologie dirigée par Frédéric Czilinder, éditions ARMADA. 

Le thème du cirque me plaît beaucoup, avec mon compagnon nous avions même écrit un long synopsis de BD sur un cirque, aux accents tout aussi fantastiques que ma nouvelle… Dans « Une nouvelle poupée » j’y ai mis tout mon cœur (ce qui n’est pas un scoop !), tant je chéris le personnage de gavroche et celui de Oliver Twist , entre autres ! Il y a aussi au moins une référence cinématographique mais pour l’heure personne ne l’a relevée. Néanmoins pour mon grand plaisir je l’avoue, une critique a rapproché cette nouvelle de l'univers fantastique de Stephen King ce qui me rend très heureuse, gonfle mes chevilles mais surtout me fait rire. La naissance de ce bébé n’a pas été facile pour des raisons qui sont bien au-delà de l’écriture…

Concernant la publication du recueil, cette fois-ci je ne m’avance pas pour la date, d’autant que je compte faire des cartes associées à chaque nouvelle… Pour l’heure le début de :

 


Une nouvelle Poupée

 Linné Lharsson (in The Moon)

La foule de badauds se presse au pied des baraques bariolées où les artistes et les bonimenteurs font leur numéro pour appâter le chaland. Leur regard rejoint ceux des enfants, des gueux. Tous rient à gorge déployée, retiennent leur souffle ou s’extasient avec force onomatopées ; un peu comme les pigeons qui roucoulent à mes pieds au rythme des miettes qui tombent de mon casse-croûte, les jours où je me cache pour m’empiffrer sans le groupe dans la ruelle des Lavandières. Mais la fête foraine, c’est plus qu’un casse-croûte. C’est un festin pour le prolétariat, « les pigeons des nantis » comme les surnomme Aaron le mendiant du marché qui, dans sa jeunesse, a été anarchiste. C’est qu’il y en a des pitreries à admirer ! Ici, des acrobates en tutu rose jonglent avec la vaisselle d’une grosse matrone qui les menace d’un rouleau à pâtisserie. En face, Hercule, l’homme le plus fort du monde, en justaucorps malgré le temps glacial, fait rouler ses biceps en proposant d’admirer d’impressionnants tours de force à l’intérieur de sa tente. Plus loin des chiens savants vont convoler « en juste noce ». Pour l’occasion, tous deux sont apprêtés : tulle et crinoline pour Mimi la fiancée fox-terrier, haut de forme, plastron et nœud papillon pour Jean-Yves le caniche noir. Ce qui n’est pas du goût de Jo, un lévrier gris, bandana au cou qui tente de ravir Mimi en faisant des pirouettes sur un tremplin.

Mazette, je suis au paradis des chapardeurs ! Malgré la promesse qui me brûle maintenant l’estomac — autant que le billet d’entrée que je serre au creux de ma main droite et qui embrase ma paume — je ne peux m’empêcher de scruter les montres à gousset, de soupeser du regard les aumônières et autres mannes sur lesquelles il serait aisé de faire main basse.